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L’Église

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 Historique :

Le village de Grainville s’est beaucoup développé avant la fondation du château féodal vers le XIe siècle. Facteur d’activité économique et de sécurité, il drainait toute une population à proximité de son enceinte. Les habitants devenant suffisamment nombreux avaient besoin d’un lieu de rassemblement et de prière.

Une première église a donc été construite à cette époque. En 1024, une charte du Duc Richard II citait l’église de « Greinville » comme étant « depuis les temps les plus reculés ».

Avec ses terres et ses dîmes, elle était la propriété de l’abbaye de Saint-Wandrille (Une charte plus ancienne (958) de Richard 1er, concernant l’appartenance de l’église à Saint-Wandrille, serait un faux fabriqué au XIe siècle…)

Un autre fait milite contre une plus grande ancienneté de la première église de Grainville-la-Teinturière, sa dédicace à Notre-Dame était très en vogue au XIe siècle. Les églises de fondation plus ancienne sont plutôt dédiées, dans notre région, à des saints évêques : saint Martin, saint Denis, saint Valéry…

L’appartenance de l’église (et de ses revenus) à l’abbaye de Saint-Wandrille sera mal vécue par les premiers seigneurs du lieu qui, à plusieurs reprises, s’en sont emparé de force puis l’ont restituée.

L’église ogivale du temps de Saint-Louis peut être, une extension ou un embellissement de l’église romane des Richard ou une église gothique neuve bâtie sous le règne de Louis IX.

A1030154De cette ancienne église, il subsiste à l’intérieur de l’édifice actuel, l’ultime trace d’une ogive prenant naissance sur le mur de la tour du clocher, à droite en entrant par le portail principal.

L’église actuelle est la troisième construite à cet emplacement, elle comprend trois parties d’époques différentes :

– Le portail et la base du clocher (vers 1580).

– L’essentiel de l’édifice, c’est-à-dire l’ensemble de la nef (vers 1700).

– Le haut du clocher (vers 1875).

Cette église a été complètement restaurée en 1993-1994.

 La nef :

A1030075L’église gothique dans laquelle on entrait par le même portail qu’aujourd’hui, a été détruite à la fin du XVIIe siècle.

Une église neuve a été construite vers 1700 grâce à la générosité des frères Thomas et Pierre de Bec-de-Lièvre, décédés respectivement en 1711 et 1726.

Immortalisant la générosité de ces deux nobles juristes en faveur de Grainville, les armoiries de la famille de Bec-de-Lièvre figurent toujours aujourd’hui au-dessus de chacune des quatre chapelles latérales et du maître-autel.

La date de fin de construction de l’édifice doit être de 1704 comme l’indique l’inscription sur le fronton de chacune des deux petites portes latérales.

 

 Les chapelles :

Chapelle Saint-Joseph (à droite en entrant),

nous pouvons admirer :A1030164

– La Sainte-Trinité, représentation traditionnelle des trois personnes divines : Père, Fils (crucifié), Saint-Esprit (colombe).

– Saint Jean-Baptiste Marie Vianney, (1786-1859), le fameux curé d’Ars, dans l’Ain.

– Saint Méen.

– Saint Nicolas.

– Saint Joseph, époux de la Sainte-Vierge et père nourricier de Jésus.

– Saint Victor, saint soldat, provient de l’église de Mautheville qui lui était dédiée.

Le vitrail de saint Joseph est signé J. Boulanger – Rouen – 1872.

 

Chapelle de la Sainte-Vierge, (à droite),

les statues suivantes sont installées :A1030138

– Saint Antoine de Padoue.

– Notre Dame de Lourdes.

– La Vierge à l’Enfant, (Marie et Jésus).

– Sainte Anne, mère de la Sainte-Vierge, grand-mère de Jésus.

 

 Plaques dédiées

Trois Plaques sont dédiées à :A1030137

– M. l’abbé Samson 1907-1920.

– M. l’abbé Maillard aumônier de l’hospice de Grainville, décédé en 1866.

– Demoiselle Anne Elie Marie de Montmorency-Luxembourg décédée à Marly le 25 juin 1849, elle a demandé le secours des prières des paroissiens au moment de sa mort.

 

Chapelle Sainte-Clotilde (à gauche en entrant),

on trouve les statues de :A1030162

– Saint Jean-Baptiste, le précurseur du Christ.

– Sainte Clotilde, épouse chrétienne de Clovis.

– Sainte Avoye, jolie sicilienne du IIIe siècle.

– Saint Christophe, mort martyr en Asie Mineure vers 250.

– Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, (1873-1897), la carmélite de Lisieux.

– Sainte Marie-Madeleine.

– Sainte Jeanne d’Arc, l’héroïne de la lutte contre les Anglais pendant la guerre de Cent Ans.

 

A signaler les magnifiques fonts baptismaux en grès datant du XVIIe siècle.A1030089

 Dans cette chapelle à gauche, le vitrail de sainte Clotilde.

 

 Chapelle du Sacré-Coeur

(en face de la chapelle de la Sainte-Vierge, à gauche vers le choeur ),

nous pouvons voir :

– Saint Pierre, le chef des Apôtres.

– Le Sacré-Coeur, le culte à l’amour universel et infini du Christ s’est développé à partir du XVI-XVIIe siècle, en réaction contre le protestantisme et le jansénisme.

– Saint Michel, défenseur du peuple de Dieu.

– Une table de marbre noir, fixée au mur, rappelle la mémoire de Jean de Béthencourt. Elle est due à l’initiative de l’abbé Cochet.A1030115

 

A LA MEMOIRE DE JEAN DE BETHENCOURT, NAVIGATEUR CELEBRE ET ROI DES CANARIES, INHUME DANS LE CHOEUR DE CETTE EGLISE EN 1425.

PRIEZ DIEU POUR LUI.

 

Peu de temps après, la plaque commémorative a cédé sa place à une station du chemin de croix, elle a été déplacée par l’abbé Braquehais.

 

Intérieur de l’église Notre-Dame.

Le chemin de croix :

Les quatorze tableaux du chemin de Croix en terre cuite coloriée, répartis sur tout le pourtour de l’église, ont été posés en 1851, à l’époque où l’abbé Braquehais était curé (1844-1853). Ce chemin de Croix a été acquis en partie au moyen d’une souscription auprès des paroissiens. Les tableaux sont disposés en sens inverse des aiguilles d’une montre, à partir du grand autel.

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Quelques stations du chemin de Croix.

Les vitraux :

L’église de Grainville-la-Teinturière comporte quatorze vitraux auxquels s’ajoute la verrière circulaire située au-dessus de l’autel. Quelques-uns sont datés. Les vitraux du chœur et des quatre chapelles sont de 1872-1873, alors que ceux de la nef datent des environs de 1925.

 

  • Les vitraux du chœur représentent les quatre évangélistes.

De gauche à droite en se tournant vers l’autel, on voit dans l’ordre saint Marc, saint Mathieu, saint Jean et saint Luc, avec pour chacun le symbole que lui attribue l’Apocalypse. C’est le lion pour Marc, l’homme pour Matthieu, l’aigle pour Jean, et le taureau pour Luc.

Le vitrail de saint Marc est signé L. Boulanger, Rouen, 1873.

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Au-dessus de l’autel se trouve un vitrail circulaire sur le thème de l’Assomption de la Sainte-Vierge, patronne de cette église. A1030143Il figure parmi les vitraux dont la bénédiction a eu lieu le 27 Septembre 1925.

 

 Les vitraux des chapelles du Sacré-Coeur et de la Sainte-Vierge.

  Les vitraux font l’un et l’autre référence à des apparitions
 – Celle du Christ à Paray-le-Monial en 1675 à Sainte Marguerite-Marie Alacoque, lui demandant de faire établir une fête du Sacré-Coeur « voici ce coeur qui a tant aimé les hommes », lit-on sur la verrière.A1030108

 

– Celle de la Vierge à sainte Bernadette Soubirous à Lourdes en 1858 « Je suis l’Immaculée Conception ».A1030128

 

Ces deux vitraux ne sont pas datés. Ils portent la signature de Charles Champigneulles, de Paris.

 Les statues de la nef

  • Sur la nef, à droite (ancien côté de l’épître), on rencontre de haut en bas :

– Saint Paul, l’ancien pourfendeur de chrétiens (épée) devenu apôtre (livre).

– Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone, aujourd’hui en Algérie (d’où la crosse) et Grand Docteur de l’église (d’où la plume).

– Sainte Cécile, martyre au IIIe siècle (d’où la palme) et patronne des musiciens (d’où sa harpe) il y figure l’indication : « Don de la Paroisse – 1925- Louzier, peintre verrier – Paris ».

 

  • Sur la nef de gauche, côté évangile, se trouvent :

– Saint Pierre avec les mêmes attributs que la statue voisine (clefs et livre).

– Saint Charles (probablement Borromée) mort cardinal et archevêque de Milan en 1584.

– Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, qui porte l’indication suivante : « Don de M. et Mme A. Soret A.M.D.G. (ad majorem dei gloriam), c’est à dire « Pour la plus grande gloire de Dieu » 1925 » et «Don de M. et Mme P. Naze en mémoire de Marcel Naze 1887-1918 ».

 

Le Souvenir De Jean De Bethencourt.

Il est écrit dans la chronique du  » Canarien  » que Jean de Béthencourt est enterré à Grainville-la-Teinturière « dedans l’esglise de ladite ville, tout deuvant le grand austel ». Cette indication se réfère à l’église gothique qui a fait place à l’église reconstruite en 1700. La grande dalle de pierre, devant l’entrée du choeur, est dénuée de toute inscription. Elle a néanmoins acquis une valeur de symbole, car si le tombeau du conquérant des Canaries n’est pas sous celle-ci, il doit être très proche, près du choeur, sous le dallage de l’église.

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Lors de la journée des Béthencourt, en novembre 2007, a été inauguré le buste en bronze de Jean de Béthencourt, réalisé par Jean Marc de Pas, sculpteur à Bois-Guilbert, présenté sur un socle à droite en entrant dans l’église. Avec la présence d’Astrid Bétancourt sœur d’Ingrid Bétancourt, le sculpteur JM de Pas, M. Bruno Malfante président de l’association Jean de Béthencourt, M. René Vimont maire de Grainville, M. Didier Jouanne Conseiller Général.

 Portail de l’église Notre-Dame.

ENTRÉE PRINCIPALE, LES BAS-RELIEFS :

De chaque côté de l’entrée, on peut notamment voir deux bas-reliefs en pierre ;

A1030063A gauche l’un représente des scènes tirées du livre de l’Apocalypse (chapitre 17), figurant Rome « se saoulant du sang des saints et du sang des martyrs de Jésus ». On peut voir symboliquement le « monde » conduisant l’homme à sa perte et l’image « d’une belle femme, richement parée, assise sur un monstre à sept têtes », avec au-dessous l’indication :

« APOCAL. 17 »

 

 

A1030067A droite l’autre bas-relief évoque la chute de Babylone, qui « s’est changée en repaire de démons, en refuge pour toutes sortes d’esprits impurs » ; le chapitre 18 de l’Apocalypse poursuit en mettant en scène un ange splendide criant : « Sortez, ô mon peuple, quittez-la, de peur que, solidaires de ses fautes, vous n’ayez à pâtir de ses plaies ! » Au-dessous du tableau figure l’inscription :

« APOCAL. 18 »

 

 UNE PETITE FILLE ABANDONNEE :

Le 24 mars 1790, une petite fille a été trouvée, par Mme veuve Grenet, au pied du portail. Le procureur, M. Dumesnil, a demandé une enquête pour retrouver la « mère marâtre coupable ».

La petite fille a été baptisée par le vicaire et nommée Véronique Françoise.

Elle a été confiée, avec l’accord du Conseil général de la commune, à la veuve Grenet, voisine de l’église qui l’avait recueillie.

 Le clocher :

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Le clocher

Il faut distinguer deux époques : la base de la tour qui date du XVIe siècle et le reste de l’église construit au début du XVIIIe siècle.

Il a fallu attendre le XIXe siècle pour voir son achèvement. Lors de la séance du Conseil Municipal du 6 novembre 1873, il est fait état de la visite conjointe du curé et du maire auprès du Prince de Montmorency-Luxembourg, châtelain de Cany, au terme de laquelle ce dernier a offert de participer financièrement aux travaux.

« M. le Prince, après avoir pris connaissance du plan et du devis sommaire, a bien voulu reconnaître que le projet en question répondait en tout point à l’importance de l’édifice dont il n’est que la continuation nécessaire, et qu’il sera heureux pour sa part de contribuer à l’achèvement de l’oeuvre de ses ancêtres ».

Les travaux, dirigés par Messieurs Martin et Marical, architectes à Yvetot, ont été terminés vers 1875.

En entrant, sous le clocher, un reste de litre porte encore quelques écussons des familles Bec-de-Lièvre. A l’intérieur, ces mêmes armes sont reproduites sur pierre.

 Les cloches :

La principale cloche de Grainville-la-Teinturière, fabriquée en 1566, était installée dans le beffroi, sans doute, longtemps « provisoire », époque où Jean de Rouville (décédé en 1589) était seigneur de ce lieu. Le véritable clocher de l’église a été construit au XIXe siècle.

Sur cette cloche, les armoiries des Rouville, principalement caractérisées par la présence de deux poissons dos à dos, étaient gravées.

Elle portait l’inscription suivante :

L’AN MIL VCC LIVI JE FUS NOMEE ISABEAU PAR MESSIRE GUILLAUME AUBERON, GUILLAUME DUCHESNE, PIERRE LETELLIER, JEHAN DUFOUR, JEHAN DUFOUGON, ISABEAU FAME DE PIERRE LAGENET ET PERETTE DUHAMEL, POUR LORS TRESORIERS, MAITRE VINCENT LEBRECT, PRETRE ET JEHAN LEBRECT SON FRERE, ME FIT JEHAN BURET F. DE C.

(L’an 1566…)

Le brouillon d’une lettre écrite vers 1921 par l’abbé Denis, alors curé de Grainville-la-Teinturière, au président de la Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure, nous apprend quelques détails intéressants sur cette cloche :

« Dans ses 356 ans d’existence, quatre dates sont à mentionner :

1- 1566 : année où elle a été fondue par Jehan Buret.

2- 1730 : (Noël) : date à laquelle se trouvant bien amincie par un usage de 164 ans dans un premier sens, elle a été  » retournée par L.R. L’inscription suivante y est burinée :

1730 NOEL L. R. M’A RETOURNEE

3- 1909 : année où après 179 ans d’usage dans le deuxième sens, elle a été cassée le 17 août.

4- 1913 : année de son classement par les Beaux-Arts parmi les objets historiques (décret du 10 décembre ) ».

Cette lettre avait pour objet d’obtenir un avis favorable au classement de cette cloche pour en permettre la réparation ou la refonte.

« Fierté de la population, poursuit le prêtre, cette cloche dont les ondes harmonieuses se répandaient au loin dans notre belle vallée, doit continuer à dire son histoire et à la répéter aux futures générations.

Faut-il pour cela qu’elle reste silencieuse ? »

Les démarches, faites par la paroisse et la commune, ont été couronnées de succès. En effet, le 15 juillet 1926, Monseigneur du Bois de la Villerabel, archevêque de Rouen, était à Grainville-la-Teinturière pour la bénédiction solennelle des nouvelles cloches en présence de M. l’abbé Denis, curé, et de M. Soret, maire. Ces cloches ont été refondues en 1926 par M. Cornille-Havard de Villedieu-les-Poêles, avec la cloche de l’ancienne église de Mautheville (démolie vers 1825) et de l’ancienne cloche cassée de Grainville-la-Teinturière, datant de 1566.

 

ISABEAU ANNE MARIE

Don de la Paroisse

Parrain : Comte d’Hunolstein

Marraine : ViComtesse A. de Curel

 

GENEVIEVE AUGUSTINE LUCIE ANTOINETTE

Don : Barray-Talbot

Parrain : M. Eugène Le Grand, conseiller général

Marraine : Mlle Geneviève Le Grand

 

LOUISA MARIE AMELIE HENRIETTE

Don : Chanoine Mutel

Parrain : M. Henri Roquigny, conseiller général

Marraine : Mme P. Marret

Précisons que la cloche doyenne de 1566 avait eu, dans le passé, une ou deux compagnes selon les époques. (Lors de l’inventaire de 1906, il y avait deux cloches dans le clocher : une « antérieure à la Révolution » (celle de 1566) et une autre, bénite en 1825 et nommée « Louise Marie » par M. le Comte de Béthune Sully et Mme Armande Louise Marie de Bec-de-Lièvre de Cany, Duchesse de Beaumont Montmorency-Luxembourg.)

Bandeau Eglise AR
L’église vue en venant d’Yvetot

 Confreries :

En 1792, quatre confréries existaient à Grainville-la-Teinturière. Les prévôts étaient :

Georges Bonnet, confrérie de la Sainte-Vierge.

Jean Bunel, confrérie de la Sainte-Trinité.

Guillaume Marais, confrérie de Saint-Nicolas.

Jacques Leprévost, confrérie du Saint-Sacrement.

 


Extrait de l’ouvrage édité par Le Comité des Lettres de Grainville et d’Histoire de la Vallée de la Durdent, « La Durdent raconte ses Églises, Chapelles et Calvaires »

1 commentaire pour “L’Église”

  1. Bonjour,
    je vous serais reconnaissant de me renseigner sur la gravure du Christ souffrant dans la chapelle du Sacré-Coeur, qui n’est pas mentionnée sur votre page et qui pourtant relève du plus haut intérêt puisque cette gravure reproduit le visage du Christ Souffrant dit voile de Véronique de Rome.
    Ste-Thérèse l’a vénéré.
    Je vous remercie pour les renseignements que vous pourrez m’apporter.
    Cordialement
    Guillaume Nocq

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